Cette année, nous célébrons Guru Pûrnimâ (littéralement : la pleine lune dédiée au « guru », celui qui dissipe les ténèbres/l’ignorance) dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 juillet. Cette pleine lune, qui est la première de la période Dakshinayana (qui commence au solstice d’été et se termine au solstice d’hiver) est particulièrement importante chez les yogis, car elle constitue un moment extrêmement propice pour l’avancée de la sâdhanâ, la pratique spirituelle.
Selon la tradition, c’est lors de cette pleine lune que Shiva, le premier yogi ou Adiyogi, est devenu un guru en transmettant le yoga aux Saptarshis, les sept sages qui s’étaient préparés durant de nombreuses années à cet événement, et qui ont ensuite essaimé dans le monde entier pour transmettre à leur tour le yoga. Chez les bouddhistes, c’est lors de Guru Pûrnimâ que Bouddha a prononcé son premier sermon devant ses cinq moines-compagnons. On retrouve également cette date-clé dans le jaïnisme (jour de l’enseignement de Mahâvîra, le 24ème Tîrthankara, auprès de son premier disciple Gautam Swami), ainsi que dans la tradition védique (jour de naissance du sage Vyâsa).
De manière générale, Guru Pûrnimâ célèbre la relation privilégiée guru-disciple (guru-shishya), qui offre à l’être humain la possibilité de transcender ses limitations physiques et mentales pour accéder à une dimension jusqu’alors inconnue, où se déploie l’infini. En Inde et au Népal, on fête également Guru Pûrnimâ dans un cadre moins spirituel et plus académique (dans le cadre de l’enseignement des arts classiques – musique et danse essentiellement – ou, plus simplement, de l’enseignement dispensé dans les écoles et universités).
Guru Pûrnimâ est l’occasion d’offrir sa gratitude à celle ou celui qui nous fait avancer dans la voie que nous avons choisi d’explorer avec amour et persévérance, et de recevoir en retour (même si ce n’est pas le but !) les bénédictions de ce dernier.
Avant la domination britannique sur l’Inde, les trois jours entourant Amâvasyâ (la nouvelle lune), ainsi que les deux jours bordant Pûrnimâ (la pleine lune), étaient fériés. Cette trêve permettait aux hommes et aux femmes engagés dans la vie profane de se consacrer pleinement et sereinement à leur vie spirituelle au moins durant deux ces moments particulièrement favorables. Le dimanche a depuis lors largement supplanté ces rendez-vous réguliers avec soi-même – pas toujours dans une optique très spirituelle…
En ce jour propice de Guru Pûrnimâ, libre à nous de décider de faire le point sur notre pratique, d’abandonner ce qui nous nuit ou nous freine, et de mettre en place ce qui nous fait évoluer vers une plus grande liberté intérieure, le tout dans une attitude de déférence et de reconnaissance infinies envers celles et ceux qui nous guident du soi au Soi sans rien attendre en retour…